Description
Le règlement prescrit le silence absolu, il est vrai, mais comme on entend claironner des coqs, aboyer des chiens, chanter des oiseaux et que ces différentes manifestations du son constituent le langage des bêtes, un forçat se dit que ce qui est permis à des animaux ne devrait pas être défendu à des hommes, et de temps à autre, les lois naturelles reprenant leurs droits, il arrive que des condamnés commettent le crime de parler…
Le 13 janvier 1906, Alexandre Marius Jacob (1879-1954), anarchiste cambrioleur condamné dix mois plus tôt aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d’assises d’Amiens, débarque aux îles du Salut, Guyane. Il est Barrabas, matricule 34777. La correspondance qu’il entretient avec Marie, sa mère, pendant vingt ans, dit le sort réservé à ceux qu’il appelle les « vaincus de guerre sociale », petits ou grands criminels en tout genre que l’on élimine depuis 1854 en les envoyant à plus de 7 000 km de la métropole. Espérance de vie du bagnard à son arrivée dans la colonie pénitentiaire d’Amérique du Sud ? Moins de 5 ans ! Au total près de 75 000 fagots mangés par les requins ou balancés dans les fosses communes de l’oubli amazonien. Très peu en sont revenus. Jacob fut de ceux-là. Un témoignage de premier ordre, une source fondamentale sur une Extermination à la française qui ne dit pas son nom.
La compilation des lettres de Jacob avait été publiée une première fois par les Éditions de L’Insomniaque en 2000. Devenue introuvable, nous sommes heureux d’avoir pu la ressortir de manière augmentée et richement illustrée.